Devant le succès de l’iPhone et de l’iPad, je m’interroge sur leurs impacts. Non pas sur l’introduction des tablettes, qui correspond bel et bien à un usage « de consommation » comme cela a déjà été très bien écrit, mais sur la modification induite du comportement, et donc des attentes, de nous autres consommateurs.
Ce serait, à mes yeux, une erreur de considérer que les attentes des utilisateurs, de vous, de moi, ne vont pas s’en trouver modifiées. Et qui dit modification des attentes, dit réponses à ces nouveaux besoins…
Voici brièvement les nouveautés que l’iPhone a introduites et dont nous ne saurions nous passer dorénavant (Il est à noter que l’iPad reprend exactement ce modèle) :
Pour ou contre, Apple est bel est bien arrivé à faire oublier l’équipement, le « hardware », pour nous mettre en relation directe avec le contenu. C’est par ailleurs (mais c’est une autre – et vaste – discussion) là où c’est joué l’échec d’éditeurs comme Microsoft avec son Windows Mobile. Ils ont continué à vouloir nous vendre une technologie, en lieu et place d’une expérience.
A part nous autres Geeks, quel peut être l’intérêt d’un utilisateur à connaître son système d’exploitation ? Celui-ci est pour 95% des utilisateurs un moyen, et non une fin. Je devrais même parler de « mal nécessaire ». Aujourd’hui, beaucoup de personnes, nous en connaissons plusieurs autour de nous, peinent à se servir de leur ordinateur. Non, un ordinateur n’est pas comme une télé… Pas encore… Avec les nouveaux usages introduits par l’iPhone, la même « expérience utilisateur » est désormais attendue par tous sur des produits comme les ordinateurs « traditionnels ». En effet, et nous serons tous d’accord sur le sujet, le couple iPhone + iPad n’a pas vocation à remplacer notre bon vieux PC. Celui-ci est nécessaire à beaucoup d’usages, en premier lieu à la création de contenu ou encore en environnement professionnel.
Nous sommes donc en attente d’une solution nous faisant oublier le système d’exploitation, pour passer directement de nos idées à la création de documents sur ordinateur, avec une expérience utilisateur proche de ce qui tient désormais lieu de référence.
Comme je viens de l’écrire, il existe désormais une attente nouvelle sur l’usage des outils informatiques. Qui dit attente, dit réponse à cette attente. C’est la base de toute notre économie de marché. C’est inéluctable.
Voici donc comment je perçois les évolutions à venir. Nous verrons trois grandes familles coexister.
Nous en aurons toujours besoin. Beaucoup de personnes, passionnés, professionnels, ne pourront s’en passer (et c’est d’ailleurs très bien comme ça !). Nous pouvons citer quelques catégories de population dans ce cas :
De plus en plus de personnes sont équipées de smartphones permettant de rester connecté en permanence et de tirer un profit maximum des applications et services utilisant la mobilité (photo, géolocalisation, info temps réel et « cyber-journalisme » ).
En complément, je pense sincèrement que l’iPad et autre tablette, que j’ai appelé ici les terminaux « semi-nomades », vont trouver une place naturelle pour la consommation d’information, de magazines, livres, actu, jeux, avec le confort d’un écran plus grand qu’un smartphone, et sans la contrainte d’un laptop ou desktop (légèreté, ergonomie, prise en main, autonomie).
Je n’ai jamais cru aux netbooks, ces ordinateurs portables peu chers (quoi que…), peu performants, et à l’ergonomie lamentable. Ils sont sensés répondre à un usage nomade, de consultation uniquement, auquel les terminaux « semi-nomades » tel l’iPad vont parfaitement répondre. Je m’étonne d’ailleurs que personne ne se soit penché sur cette comparaison netbook – iPad. Passons.
Reprenons : Aux usages nomades, les Smartphones. Aux usages semi-nomades (dans le canapé ?, dans l’avion ?) et pour être un « consommateur », les tablettes type iPad. Aux usages de niche ou professionnels, les « ordinateurs classiques ».
Mais comment répondons nous à 80% (plus ?) de la population voulant un ordinateur (desktop comme laptop, peut importe) permettant de faire plus qu’une tablette (puissance, ergonomie) avec les avantages procurés par l’iPhone (Android, etc…) et sans les inconvénients d’un ordinateur (performance, maintenance, anti-virus, configuration, firewall, drivers, …)
Je vous laisse deviner la réponse…
Imaginons un instant… Je vous demande de vous mettre à la place d’un utilisateur lambda (vos parents par exemple ?). Vous avez ainsi un ordinateur. Suffisamment puissant pour jouer, avec une bonne ergonomie car un grand écran, un vrai clavier. Le démarrage est extrêmement rapide. Pas d’anti-virus, pas de firewall à maintenir. Pas de drivers non plus.
A l’écran, des icônes, groupées par thème. Un clic sur celles-ci (je ne crois pas au tactile pour les ordinateurs, gadget !) et l’application se lance, permettant un accès immédiat au service voulu ou aux fonctionnalités attendues.
Ajoutons à ceci, un « App Store » (appelez le comme vous voulez). Lorsque je recherche un programme pour une tache précise, je me rends sur cette « place de marché » des applications et je le télécharge. Pas besoin de lancer des recherches interminables sur Google, arriver sur des sites plus ou moins recommandables et enfin me retrouver envahi de malware…
L’iPad et ses premières applications nous permettent facilement d’imaginer ce que peut être l’expérience utilisateur proposée par un tel ordinateur. Il devient ainsi très facile pour les grands parents d’accéder aux photos FlickR du petit dernier, par exemple (combien vont se reconnaître ? ).
Ne les oublions pas, les entreprises. Ce sont aujourd’hui les principales consommatrices d’ordinateurs (et de licences Microsoft, je sais de quoi je parle !).
Quel cauchemar aujourd’hui pour un administrateur d’avoir à gérer un parc, son inventaire, sa maintenance, ses anti-virus, patchs, Policy, profils, applications installées et licences associées… Plusieurs solutions existent et sont par ailleurs de plus en plus présentes : client léger (Citrix, Windows Terminal Server, …), virtualisation du poste de travail (VMWare). Mais, pour bien les connaître, ces solutions sont lourdes à mettre en œuvre, coûteuses, et complexes à exploiter. Les « Network computers » nécessitent quant à eux la mise en place d’infrastructures centralisées fournissant les applications, services, etc…
L’ « Ordinateur Simplifié » est à mes yeux une excellente réponse aux problématiques de gestion de parc informatique.
Imaginez ainsi, fournis avec le système d’exploitation, les outils nécessaires à la télédistribution d’application, à l’inventaire de parc, etc… Plus de configuration complexe non plus à mettre en œuvre pour sécuriser les postes de travail, pour empêcher l’accès à des fonctions interdites. Le coût total de possession (TCO) s’en trouve alors fortement réduit, sans pour autant nécessiter la mise en place d’infrastructures centrales lourdes.
Ce type d’ordinateur à toute sa place en entreprise.
Vaste sujet, bien plus vaste que ce dont j’ai pu aborder ci-dessus. Nous observons cependant plusieurs tendances nettes :
Je pense que toutes ces solutions vont chacune se développer, répondant ainsi à des usages bien définis. Mais je pense également que quelques grandes tendances persisteront pour les usages dominants.
Ainsi, le « PC simplifié » est à mes yeux l’hypothèse la plus concrète et solide, pour les 10 ans à venir, à minima. Et ce principalement pour trois raisons :
J’expose ici mon point de vue. J’ai essayé de baser mon analyse sur une observation des usages et de sortir ainsi des débats passionnés. J’ai également voulus aborder la problématique entreprise, si importante et pourtant si souvent absente des analyses que je peux lire.
Bien entendu, j’aime évoluer dans mes pensées et vos contributions, remarques, critiques, contre argumentation sont les bienvenues !
Article initialement publié sur le blog EricDelattre.com il y a 3 mois, et légèrement actualisé pour owni.
Photo CC Flickr Rogier Noort et thms.nl
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