Je ne connais absolument pas ce milieu, je ne vais ainsi pas m’attarder sur cette crise elle-même mais plutôt sur un modèle qui à mes yeux, ceux d’un consommateur, est pertinent. De plus, je m’étonne de n’avoir encore rien lu au grès de mes recherches en vue de l’écriture de ce billet sur le sujet. Aveuglement ?
Voici un point de vue, le mien… (Et une idée de start-up à l’occasion !)
L’idée est simple et, encore une fois, je m’étonne de n’avoir rien lu à ce sujet. Brièvement, il s’agit d’appliquer le modèle de Spotify à la presse écrite. Je m’explique.
J’aime l’actu, et je la consomme principalement sur Internet. Parce que je suis à l’étranger et que cela me permet d’avoir accès facilement à l’actualité de mon pays, mais pas seulement. Lorsque j’habitais en France, il en était de même. La raison était alors la grande flexibilité qui m’était offert à éditorialiser ma propre information, au gré de mes intérêts.
Aujourd’hui, le modèle économique retenu par les quotidiens est le suivant :
Concernant la première catégorie citée ci-dessus, aucun problème. J’aime me tenir informé rapidement de ce qui se passe dans le monde et ainsi parcourir en un clin d’œil l’actualité. Les solutions actuelles me conviennent parfaitement. Cette information n’est pas chère, et un financement par la pub est concevable.
J’aime également me plonger plus longuement dans des articles d’analyses, d’investigation, pourquoi pas partisans. Je ne suis pourtant abonné à aucune formule payante. Pourquoi ?
Je ne désire pas me borner a la lecture d’un seul journal, d’une seule opinion. J’aime lire des analyses provenant de diverses sources, lire ce que pensent des personnes dont l’idéologie n’est a priori pas la mienne. Lire uniquement un journal et lui seul me donne l’impression de m’emprisonner, de brider mon raisonnement.
Si je ne suis donc abonné à aucun journal, c’est principalement pour cette raison. Et je ne veux, ni ne peut compenser en m’abonnant à plusieurs d’entre eux pour les raisons suivantes :
Même si les causes sont très différentes – dématérialisation des supports dans le premier cas, changement des attentes et de la façon de consommer de l’information dans l’autre, l’analogie avec le monde de l’édition musicale est inévitable.
Pourquoi ? Parce que dans les deux cas, Internet et les nouvelles technologies sont au cœur du changement des habitudes, mais également au cœur des solutions disponibles. De plus, la presse a l’avantage d’être exposée à cette problématique avec un décalage par rapport au monde de la musique. Elle a donc pu observer, analyser et anticiper. Pourtant, il n’en est rien, et les quotidiens, dans leur façon systématique de se poser en victime (le piratage dans le cas de la musique, le grand méchant Google News dans le cas de la presse), ne fait que reproduire les erreurs de l’industrie musicale et filmographique.
Libération, par la voix de Nathalie Collin, co-Présidente du directoire, et de Laurent Joffrin, directeur de publication, ont récemment proposé l’idée d’une licence globale pour l’industrie de la presse écrite. Il s’agit ici d’une fausse solution (faire payer les fournisseurs d’accès, donc TOUT abonné), évoquée pour de mauvaises raisons (« vous [FAI] gagnez de l’argent sur notre dos, donnez nous-en un peu » !). Vous pouvez trouver ici l’interview donnée à Chalenge sur le sujet.
Messieurs, sortez de votre attitude passive, et devenez acteur de votre avenir en allant chercher de nouvelles solutions !
Me concernant, et pour les raisons évoquées ci-dessus, je ne m’abonnerai jamais à une offre payante d’un quotidien sur Internet. Je serais par contre prêt à payer 10 à 15 Euros par mois pour accéder aux contenus de TOUS les quotidiens !
Suis-je fou? Je ne pense pas. Il serait facile d’offrir au travers d’une application ou d’un site web, un accès à l’ensemble des articles, reportages et sujets traités par l’ensemble de la presse quotidienne. Nationale comme régionale.
Il s’agit ni plus ni moins de réaliser ce que fait Spotify ou Deezer pour la musique…
A mes yeux, les bénéfices sont multiples, pour un risque très limité :
Je reste très étonné que ce sujet ne soit pas évoqué, débattu, et de l’absence quasi-complète de solutions proposées. Beaucoup d’articles / émissions traitent et débattent du méchant Google (et son service Google News), de la crise de la presse…etc. Mais presque toujours sous l’angle de la « victime ».
De plus, pour reprendre la comparaison faite ci-dessus avec l’industrie musicale, les journaux ont très souvent écrit de très pertinentes analyses sur le changement dans les attentes des consommateurs, sur l’industrie qui s’automutile en espérant coûte que coûte défendre son ancien et si lucratif modèle économique…etc. Alors, pourquoi ne lisons nous rien à son propre sujet (mis a part la révolution iPad qui n’en est pas une !) ?
Alors, messieurs, s’il vous plait, arrêtez de vous poser en victime, sortez de votre attitude passive et dépendante, écoutez-nous, et proposez nous des modèles pertinents, nous serons alors acheteurs !
La conclusion est simple : aujourd’hui, je ne paye rien. Avec ce modèle, je serai prêt à m’abonner ! Et vous, que pensez-vous d’une telle proposition ?
__
Billet initialement publié sur le blog de Eric Delattre.
]]>